La droite sonne la charge avec jubilation contre la réforme du collège. Un bon cheval de bataille, solide et fédérateur. Des ultras de la droite décomplexée jusqu'aux centristes les plus modérés, tous les leaders de l'UMP l'enfourchent sans états d'ame. Souvent au mépris de la plus élémentaire honnêteté intellectuelle. Nicolas Sarkozy a donné le ton, mercredi, en affirmant dans un entretien au Figaro que les nouveaux programmes scolaires proposaient de ?remplacer l'histoire de la civilisation chrétienne européenne? par ?un cours obligatoire sur l'islam?. Réforme du collège, la droite vent debout En réalité, après comme avant la réforme, les collégiens abordent toutes les religions monothéistes : l'histoire du christianisme en sixième, puis, en cinquième, ?La naissance de l'islam?, qui ne ?remplace? pas le chapitre ?Société, Eglise et pouvoir politique dans l'Occident chrétien : XIe-XVe siècles?, obligatoire à ce même niveau. ?Naufrage?. ?J'ai rarement vu les débats scolaires être autant irrigués par la pensée d'extrême droite?, s'alarme dans le Bondy Blog le sociologue Fran?ois Dubet, qui traite depuis trente ans la question de l'école. Qu'importe. A droite, c'est à qui tonnera le plus fort contre ?le nivellement par le bas? et ?l'égalitarisme?. Le président de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde, parle carrément d'un ?attentat contre la République?, tandis que l'ex-ministre UMP Bruno Le Maire pronostique ?un naufrage pour la nation?. Dans l'hémicycle, le député UMP Xavier Breton dénon?ait mardi une entreprise de ?destruction de notre héritage culturel?. Le lendemain, l'ancien président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer estimait qu'outre la ?négation des racines chrétiennes de l'Europe?, le gouvernement organisait ?une déconstruction des fondements de notre République?. Pas moins. Plus encore que contre la réforme proprement dite, les parlementaires UMP s'échauffent contre la refonte des programmes, toujours en cours de discussion au sein du Conseil supérieur des programmes, autorité indépendante où siègent universitaires et élus de tous bords. A l'instar de l'académicien Pierre Nora, plusieurs intellectuels se sont inquiétés de la tendance à l'universalisation dans les programmes d'histoire : ce qui relève du ?roman national? doit laisser une place à d'autres chapitres (monde musulman, traite négrière, etc.). Cette prise en compte de la mondialisation et de la diversité des publics scolaires est violemment critiquée à l'UMP. Beaucoup y voient une insupportable concession au ?communautarisme?. Pire : une négation de la République. Enfin, la droite trouve matière à s'opposer sans retenue, ce qui lui avait été impossible avec la loi Macron et la loi sur le renseignement. Enfin un vrai combat, contre une vraie réforme de gauche. Braises. En supprimant les classes bilangues en sixième (souvent anglais et allemand) et le latin comme option à part entière, le gouvernement Nike Ninja s'attaque à des dispositifs rendant possible la constitution de ?classes de niveaux?. Principales utilisatrices de ces enseignements, les familles les plus favorisées y trouvent un bon moyen de contourner la mixité sociale. Fondamentalement hostile au collège unique, la droite défend naturellement tout ce qui permet de le contourner. Najat Vallaud-Belkacem a beau leur mettre sous les yeux leur bilan calamiteux - 140 000 décrocheurs par an et une proportion croissante de collégiens (plus de 20%) qui ne ma?trisent pas le minimum de compétences en fran?ais, histoire et mathématiques -, Sarkozy et ses amis se posent en défenseurs de ?l'élitisme républicain? contre ?l'égalitarisme? pr?né par les socialistes. ?On noie l'enseignement du latin, matrice de notre civilisation?, se désole ainsi Fran?ois Fillon. C'est sur sa proposition, Nike Shox alors qu'il était ministre de l'Education nationale, qu'avaient été relancées en 2004 les classes bilangues, dispositif qui a permis d'enrayer la chute des effectifs des élèves apprenant l'allemand. Najat Vallaud-Belkacem jure que sa réforme ne va pas faire chuter le nombre de germanistes. Et fait surtout observer que, loin d'être ?républicain?, l'élitisme que défend avec tant d'énergie l'opposition mériterait d'être qualifié d'élitisme ?dynastique?. La droite ne lachera rien. Non sans cynisme, les responsables de l'UMP comptent sur les syndicats d'enseignants pour souffler sur les braises. Un appel à la grève a été lancé pour le 19 mai par le Snes, principale organisation des professeurs de collèges, mobilisé surtout contre l'?autonomie? que la réforme veut laisser à chaque établissement. Une mesure que la droite défend Nike Tn depuis des décennies, sans jamais se risquer à la mettre en ?uvre.
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